Un brontosaure sème la terreur dans un village congolais. Aux confins algéro-marocains, une unité de l'armée française abat à la mitrailleuse un gigantesque serpent chevelu. Au Katanga, des officiers des forces belges photographient du haut d'un hélicoptère un python dont la taille est estimée à 14 m. Au cours des travaux du barrage de Kariba, en Rhodésie, un ouvrier est attaqué en piqué par un ptérodactyle. Ces échos époustouflants ont fleuri dans la presse au cours des dernières décennies. Le mythe du dragon est toujours vivace.
Les mythes toutefois se nourrissent de réalités. Est-il possible que des dinosaures ou des reptiles volants en rupture d'ère Secondaire survivent dans des recoins obscurs du continent noir ? Se peut-il qu'un serpent dépasse 10 m de long ? Reste-t-il toujours des bêtes de taille appréciable à decouvrir en Afrique ? C'est à ces questions que tente de répondre Bernard Heuvelmans, père de la Cryptozoologie ou « Science des animaux cachés », et il le fait avec toute sa rigueur de zoologiste chevronné, une érudition difficile à prendre en défaut et un humour toujours en éveil. Se fondant sur une documentation unique au monde, édifiée en trente ans, il fait comparaître les témoins, analyse les pièces à conviction (photos, représentations indigènes, fragments anatomiques), va enquêter sur place d'un bout à l'autre de l'Afrique, pourfend les mystificateurs, explique les méprises faites de bonne foi, dissèque le processus universel de mythification de nos informations, convoque les experts à la barre, et finit par renvoyer dos à dos ceux qui se droguent au merveilleux et ceux qui nient d'emblée l'insolite. Sceptique au sens vrai du mot, il doute autant des dogmes scientifiques en vigueur que des élucubrations d'illuminés, pensant, avec La Bruyère, qu'« il y a un parti à trouver entre les âmes crédules et les esprits forts ». Et qu'il y a plus d'animaux dans le ciel et sur la terre, mon cher Horatio, qu'il n'en est dénombré dans nos manuels de Zoologie...