En 2018, l'agence américaine du médicament a accordé le statut de « thérapie innovante »à une molécule prometteuse pour traiter la dépression : la psilocybine, principe actif des champignons hallucinogènes. Une molécule qui, avec ses cousins LSD et mescaline, a été expérimentée dans les années 60 par les plus grands psychiatres, de Harvard à Sainte-Anne. Mais ces substances que la médecine tenait pour révolutionnaires se sont diffusées dans la jeunesse, entraînant un contrecoup répressif qui paralysa la recherche. Elles restent cataloguées parmi les drogues les plus dangereuses et interdites presque partout dans le monde.
Depuis, qui entend psychédélique pense aux Beatles, à Woodstock, aux années 60. Pas à l'étymologie, du grec psyché, l'âme, et délos, visible, qui signifie « révélateurs de l'inconscient ». Ni au premier nom scientifique de ces substances, le très poétique « phantastica ». L'histoire scientifique des psychédéliques est tombée aux oubliettes, victime de la « guerre à la drogue » des années 70. Stéphanie Chayet raconte comment leur utilisation médicale est aujourd'hui en pleine renaissance aux Etats-Unis, dans les institutions scientifiques les plus sérieuses. Une vraie saga, que la France tente encore d'ignorer.
Que se passe-t-il dans un cerveau sous l'emprise d'un psychédélique ? Quels sont leurs effets persistants ? Si l'on s'en tient à la médecine : soulager la dépression, supprimer la peur de mourir, guérir la dépendance aux opiacés, au tabac, à l'alcool. La science révèle aussi qu'ils nous rapprochent de la nature, des autres, du mystère, un supplément d'âme qui n'intéresse pas que les souffrants. Une fascinante révolution en perspective et un bouleversement total de la distinction entre drogues et médicaments.