Envisagé sous un angle résolument pluridisciplinaire, avec une vision à la fois historique et contemporaine, cet ouvrage a pour objectif de renverser les manières usuelles d'aborder les relations de la justice écologique et de la justice sociale.
L'enjeu intellectuel du livre est de récuser le topos de la difficulté d'articuler deux justices (sociale et écologique) parce qu'elles seraient non seulement d'ordres différents, mais aussi quasi-contradictoires. Les auteurs montrent au contraire que l'opposition de ces deux justices est un artefact entretenu par l'approche « environnementaliste » des questions de justice, dont l'une des versions est, paradoxalement la notion anglo-américaine de « justice environnementale ».
Quelle sorte d'outil conceptuel et politique représente cette notion lorsqu'on la rapporte à la longue durée des conflits qui ont jalonné non seulement l'histoire de l'industrialisation occidentale, mais aussi celle des colonies et ex-colonies ? Pourquoi les « inégalités écologiques » apparaissent aujourd'hui détachées de l'ensemble des luttes sociales, alors qu'elles ont été le plus souvent inextricablement liées, particulièrement autour des problèmes de la santé au travail, des pollutions industrielles, des questions agraires et de la justice de l'eau ?